Paris, le 6 juillet (AFP) - La Bretagne se distingue par des niveaux élevés de consommation d'alcool, de tabac et de drogues chez les jeunes, selon une enquête publiée mercredi, qui ébranle quelques clichés régionaux, comme la toxicomanie en Ile-de-France ou l'alcoolisme dans la région Nord.
Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), qui a conduit cette exploitation régionale de son étude Escapad (enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la défense), "la consommation d'alcool et les ivresses, qui concernent partout davantage les garçons que les filles, diffèrent fortement selon les régions".
Lors de la publication en octobre 2004 de l'enquête Escapad, réalisée auprès de 30 000 jeunes de 17-18 ans, l'OFTD s'inquiétait de la progression de l'alcoolisme.
"Le Nord associe une faible consommation et des ivresses rares, tandis que les régions méridionales apparaissent moyennement consommatrices mais enregistrent des ivresses un peu plus fréquentes", indique l'OFTD, opposant l'Est aux "niveaux de consommation et d'ivresse moyens" à l'Ouest, qui "cumule un niveau élevé d'usage régulier et des ivresses fréquentes".
La Bretagne atteint 15% d'ivresses régulières, pour une moyenne nationale de 7%. A l'inverse, le Nord Pas-de-Calais et la Picardie enregistrent 5% et 4%. La Bretagne atteint 15% d'ivresses régulières, pour une moyenne nationale de 7%. A l'inverse, le Nord Pas-de-Calais et la Picardie enregistrent 5% et 4%.
"La Bretagne apparaît comme la région de France métropolitaine la plus consommatrice d'alcool (notamment à cause d'un niveau d'ivresse exceptionnel), de tabac et de cannabis", selon le rapport, qui souligne "une consommation de champignons hallucinogènes et de LSD plus élevée" que le reste de la France.
Dans une moindre mesure, le pourtour méditerranéen se signale par "une consommation modérée d'alcool et de tabac, mais des usages plus fréquents de cannabis et de stimulants tels que l'ecstasy et la cocaïne, mais aussi de LSD et de produits à inhaler".
Ces tendances s'expliquent par le caractère de "régions festives où il y a une certaine valorisation des substances psychoactives"Ces tendances s'expliquent par le caractère de "régions festives où il y a une certaine valorisation des substances psychoactives", a expliqué à l'AFP l'un des trois statisticiens auteurs du rapport, François Beck, qui y voit "un aspect culturel, presque historique".
L'usage régulier de cannabis à 17 ans atteint 15% en Languedoc-Roussillon, 16% en Bretagne et 17% en Provence-Alpes Côte d'Azur.
Les taux de consommation quotidienne de tabac s'échelonnent de 48% en Bretagne, à 34% en Ile-de-France, où "les usages de produits illicites sont, à l'exception du 'poppers', tous inférieurs au reste de la France", souligne l'OFDT.
Selon M. Beck, les jeunes des régions traditionnellement stigmatisées, comme l'Ile-de-France pour la toxicomanie et le Nord pour l'alcoolisme, "ont envie de se démarquer de l'image un peu courante qu'on se fait des quartiers difficiles".
Mais les tendances qui se dessinent risquent de marquer durablement le paysage de la consommation d'alcool ou de tabac.
"Pour l'alcool, en gros, ce qu'on observe chez les jeunes traduit ce qu'on va pouvoir retrouver chez les adultes", précise-t-il. "Sur le tabac, on observe une assez bonne cohérence avec ce qu'on observe chez les adultes", alors que "le cannabis est un produit très massivement abandonné au passage à l'âge adulte".